Depuis le 17 mars, les humains expérimentent le « confinement » ! « Yesss ! » disent les chevaux !!! Car les chevaux confinés, on dit aussi « incarcérés », H24 dans des boxes, nourrissent l’espoir fou que les humains comprennent enfin la douleur de leur enfermement !!! Ils se disent, les chevaux enfermés, que les humains doivent souffrir, eux aussi, dans les mètres carrés de leurs logements trop petits et qu’ils vont donc ouvrir les portes de leurs boxes dès qu’ils pourront venir les voir. Ou mieux, qu’ils vont donner des ordres pour que les portes soient enfin ouvertes … En espérant qu’elles ne se referment jamais …
Les humains se plaignent : ils tournent en rond, ils trouvent tout trop étroit, ils ne savent plus quoi faire, ils attendent avec impatience leur heure de sortie quotidienne et, quand ils peuvent, ils la font durer. Ils se fâchent, ils s’énervent, ils battent leur femme et/ou leurs enfants. Ou ils traînent sur le canapé – ils ont la télé eux, boivent des bières, mangent des chips. Ils trouvent le temps long et l’espace petit, si petit, trop petit.
Un boxe fait en moyenne 9m2, parfois 12m2, exceptionnellement 16m2. Un cheval de selle français pèse en moyenne 5 à 600 kg, il mesure 1m70 au garrot en moyenne, parfois bien plus. Quand il s’allonge dans ces boîtes et qu’il cherche à s’y étendre, il touche les murs des 4 côtés. Pour manger, il écarte les antérieurs pour avoir la place d’aller au sol. Ou il engloutit ce qui a été mis dans sa mangeoire, en hauteur alors qu’il doit manger à terre. Manger en marchant … tout le temps, 16 à 18h par 24h …
Les humains se plaignent de ne plus voir leurs amis, familles, copains, voisins … Ils peuvent cependant leur parler, échanger avec eux mais pas les toucher. Ils se plaignent de ne plus les toucher. C’est que l’humain est grégaire, sociable, il a besoin d’échanges avec les autres humains.
Et les chevaux donc ! Grégaires parce que leur vie en dépend, ils veillent les uns sur les autres, ils se toilettent mutuellement, ils s’alertent des dangers … Sociaux, ils sont organisés en groupes familiaux, en troupeau, ils y ont des relations affines (des « amis » qu’ils reconnaissent après des années d’éloignement), ils ne peuvent pas vivre seuls et leur groupe de vie est stable. Ils se déplacent ensemble, ils changent d’activité ensemble, ils vont boire ensemble … Ils sont seuls dans les boxes. Le plus souvent, ils ne peuvent toucher aucun autre cheval. Ils peuvent voir celui qui est en face d’eux mais ce n’est pas souvent leur « ami », les humains ne savent pas qu’ils ont des « amis ».
Alors, humains, tirez bien les leçons de votre actuel enfermement. Ouvrez les portes des boxes de vos chevaux. Faites travailler votre imagination : dans les clubs, dans les écuries, sur les champs de course et dans les haras, délimitez un grand espace dans le parking, la cour d’accueil, près des écuries ou des boxes. Qu’il y ait ou pas de l’herbe, placez du foin à plusieurs endroits pour éviter la compétition alimentaire. Profitez-en pour supprimer les céréales, floconnés et autres aliments totalement indigestes pour les chevaux, responsables de tant d’ulcères.
Laissez-les en pâture, en paddock, en stabulation, au contact les uns des autres. Profitez-en pour enlever les fers et les laisser sabots libres. Laissez-les gérer leurs relations sociales sans y projeter les vôtres. Laissez-les vivre aussi librement que possible. H24 !!! Ne projetez pas sur eux votre propre organisation idéale, ne leur imposez plus votre rythme humain, apprenez enfin la vie des chevaux. Vous les retrouverez calmes, attentifs, disponibles à vos demandes … cavalières … Vous n’en reviendrez pas !
Regardez bien cette photo de chevaux libres … S’ils ne vous font pas rêver, nous ne pouvons vraiment rien pour vous … Ni pour vos chevaux hélas !!! Alors rêvez bien et ouvrez les portes de leur enfermement … Vite, s’il vous plaît …
PS : Vous trouverez ci-après un article de Christine Briant – IFCE, « L’Exercice quotidien : nécessaire et bienfaiteur », qui reprend la base de ce qu’il faut savoir pour comprendre les besoins quotidiens des chevaux. En plus de la petite bibliographie qu’il contient, vous pourrez aller voir aussi les travaux de Martine Hausberger (grâce à qui les chevaux de l’IFCE sortent enfin de leur boîte), de Séverine Henry, de Léa Lansade, de Hélène Roche, par exemple. Ces temps de confinement peuvent être mis à profit pour le plus grand bonheur de vos chevaux …
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